Notes personnelles

Les conditions préalables pour favoriser une rencontre enrichissante sont pour moi : de pouvoir offrir un accueil chaleureux, dans un cadre agréable et une écoute attentive.

Avec mes propos je m’efforce d’être en contact avec le vécu des personnes en tenant compte de leurs sentiments. Dans le but d’ouvrir de nouveaux horizons, avec bienveillance et respect de l’intimité.

Le cas échéant j’aime respecter des moments de silence quand il permettent le développement de pensées personnelles et d’éviter des interférences.

Mon expérience et mon âge sont des éléments qui me permettent d’avoir la distance nécessaire pour une approche qui tient compte de la complexité des situations.

C’est particulièrement agréable quand, dans l’espace d’une séance et pour un moment, la personne arrive à créer un récit, comme une histoire qu’on pourrait écrire. Avec une dimension de plaisir, au delà de la souffrance partagée qui demande parfois plus de temps pour être transformée en mémoire.

J ‘aime parcourir des créations littéraires de tous les pays qui inspirent parfois mes pensées en étoffant ce que j’ai l’occasion de partager dans les séances avec mes patients.  Les auteurs ont parfois cette capacité d’exprimer en condensé, à travers des mots ou des images, ce qui nous touche au plus profond de nous mêmes et qui demande à être reconnu et développé.

 

« …D’abord j’ai voulu écrire notre histoire pour m’en débarrasser. Mais dans ce but, les souvenirs ne sont pas venus au rendez-vous. Ensuite, je me suis avisé que notre histoire était en train de m’échapper, et j’ai voulu la rattraper par l’écriture, mais cela non plus n’a pas appâté la mémoire. Depuis quelques années, je laisse notre histoire tranquille. J’ai fait la paix avec elle. Et elle est revenue, détail après détail, et avec une espèce de plénitude, de cohérence et d’orientation qui fait qu’elle ne me rend plus triste. Quelle triste histoire, ai-je longtemps pensé. Non que je pense aujourd’hui que ce soit une histoire heureuse. Mais je pense qu’elle est exacte, et qu’à côté de cela la question de savoir si elle est triste ou heureuse n’a aucune importance. … »
Bernhard Schlink – Le liseur, page 242.